Nile Rodgers : "J'ai imaginé Sheila en pilote de course futuriste"

Extrait de Nile Rodgers : Le roi dance 

Il se cache derrière la moitié des hits qui enflamment les pistes de danse depuis près de 40 ans. Arte consacre une soirée spéciale à Nile Rodgers...

Il a réinventé le disco en y injectant le groove du funk. Au sein du groupe Chic, fondé avec son acolyte et bassiste Bernard Edwards (mort en 1996), Nile Rodgers a créé un son reconnaissable entre tous et signé quantité de tubes : "le Freak", "Good Times", "Everybody Dance". Avant de devenir le producteur-star des années 1980.

Les deux décennies suivantes furent moins glorieuses alors même que sa musique était samplée dans d'innombrables hits. Sa participation au "Get Lucky" des Daft Punk a remis ce guitariste hors pair et prodige des studios sur le devant de la scène. Et pour un bon moment, à en juger par sa passion toujours débordante. Un nouveau single de Chic, "I'll Be There", vient de sortir. En attendant l'album "It's About Time", prévu pour fin juin...

Nile Rodgers : "Au début de Chic, nous voulions nous faire passer pour des Français par peur du racisme. D'où le nom du groupe, notre style vestimentaire tiré à quatre épingles... On voulait devenir les Jackson Five d'Atlantic Records : le groupe noir qui fait de la pop music [aux Etats-Unis, on distingue le hit-parade consacré à la pop et celui dévolu aux musiques noires, NDLR]. Un jour, Claude Carrère, le patron de la maison de disques de Sheila, est venu nous voir. Il nous a expliqué que Sheila était une célèbre enfant-star et nous a commandé son prochain album. On s'est demandé : "que fait une enfant-star une fois devenue femme ?"

Miley Cyrus est un bon exemple : elle a su amener sa carrière ailleurs en prenant le contrepied total de ce qu'elle représentait. Sheila avait l'air d'être une douce et gentille fille, il nous fallait l'emmener vers quelque chose de plus audacieux. J'ai réfléchi aux oeuvres de mon enfance qui m'avaient fait envisager mon futur d'adulte. La science-fiction, bien sûr : "2001, l'odyssée de l'espace", de Kubrick, "Maître du Monde", de Jules Verne. D'où le titre de l'album : "King of The World".

Et comme je faisais du rallye automobile, j'ai imaginé Sheila en pilote de courses futuristes. Sur l'album, il y a une chanson intitulée "Charge Plates and Credit Cards". Le texte parle de cartes Visa. "Un visa ? Pour aller où ?", nous demandait-on. A l'époque, les cartes Visa n'existaient pas en France. Grâce à nous, Sheila s'est trouvée à l'avant-garde de la société !"